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qu’on ne lui permît pas d’abord de retourner à Carthage, les jardins qu’il possédait aux environs de cette capitale, lui furent assignés pour le lieu de sa résidence[1].

Et condamné à mort.

Enfin, précisément une année[2] après que saint Cyprien avait comparu pour la première fois devant le magistrat, Galère Maxime, proconsul d’Afrique, reçut l’ordonnance impériale pour procéder à l’exécution de ceux qui prêchaient la religion chrétienne. L’évêque de Carthage savait qu’il serait immolé des premiers, et la faiblesse de la nature humaine le porta à se dérober, par une fuite secrète, au danger et à l’honneur du martyre[3] ; mais rappelant bien-

  1. Lorsque saint Cyprien s’était converti, il avait vendu ses jardins pour le soutien des pauvres. La bonté de Dieu (probablement la libéralité de quelque ami chrétien) les lui rendit. Voyez Pontius, c. 15.
  2. Quand saint Cyprien, un an auparavant, fut envoyé en exil, il songea qu’il serait mis à mort le jour suivant. L’événement a obligé d’expliquer ce mot de jour, et de lui faire signifier une année. (Pontius, c. 12.)
  3. Ce ne fut point là, à ce qu’il paraît, le motif qui porta saint Cyprien à se cacher quelques momens ; il était menacé d’être emmené à Utique ; il voulut rester à Carthage, afin de souffrir le martyre au milieu même de son troupeau, et de faire servir sa mort à l’édification de ceux qu’il avait dirigés pendant sa vie. C’est ainsi, du moins, qu’il explique lui-même sa conduite dans une de ses lettres : Cûm perlatum ad nos fuisset, fratres carissimi, frumentarios esse missos qui me Uticam perdurcerent, consilioque carissimorum persuasum esset, ut de hortis interim secederemus, justâ interveniente causâ, consensi ; eo quod congruat episcopum in eâ