Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/360

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argumens pour colorer les plus injustes prétentions. Parmi ces avocats, les plus distingués et les plus en vogue étaient ceux qui faisaient retentir le Forum de leur verbeuse et déclamatoire rhétorique. Aussi indifférens pour leur réputation que pour la justice, ils sont représentés pour la plupart comme des guides infidèles, qui conduisaient leurs cliens à travers un dédale de dépenses, de délais, d’espérances trompées, d’où, après des années d’attente, ils ne les laissaient sortir que quand leur patience et leur fortune étaient presque épuisées[1].

Officiers militaires.

Dans le système politique d’Auguste, les gouverneurs, ceux du moins des provinces impériales, étaient investis de tous les pouvoirs de la souveraineté. Ministres de la paix et de la guerre, eux seuls accordaient les récompenses et infligeaient les punitions. Ils paraissaient sur leur tribunal, revêtus de la robe civile de magistrat, et à la tête des légions, couverts d’une armure complète[2]. L’influence des

  1. Le passage d’Ammien (l. XXX, c. 4), qui peint les mœurs des gens de loi de son temps, est curieux ; il offre un mélange bizarre de sens commun, de fausse rhétorique et de satire poussée jusqu’à l’extravagance. Godefroy (Prolegomen. ad cod. Théod., c. 1, p. 185) articule les mêmes plaintes, et rapporte des faits authentiques. Dans le quatrième siècle, les livres de la loi auraient fourni la charge d’un grand nombre de chameaux. Eunapius, in Vit. Edesii, p. 72.
  2. La vie d’Agricola, surtout dans les c. 20, 21, en fournit un bel exemple. Le lieutenant de la Bretagne était revêtu