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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/138

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courage intrépide et par leurs rapides conquêtes. Les pasteurs du Nord ont à plusieurs reprises renversé les trônes de l’Asie, et leurs armées victorieuses ont répandu la terreur et la dévastation dans les contrées les plus fertiles et les plus belliqueuses de l’Europe[1]. Dans cette occasion, comme dans beaucoup d’autres, l’historien judicieux se trouve forcé de renoncer à une agréable chimère, et d’avouer, avec quelque répugnance, que les mœurs pastorales, ornées par l’imagination des attributs de la paix et de l’innocence, se joignent beaucoup plus naturellement aux habitudes féroces d’une vie guerrière. À l’appui de cette observation, je considérerai trois articles principaux dans la vie des nations pastorales et guerrières. 1o. Leur nourriture ; 2o. leurs habitations ; 3o. leurs occupations. L’expérience des temps modernes a confirmé les récits de l’antiquité[2] ; et

  1. Imperium Asiæ ter quæsivêre : ipsi perpetuò ab alieno imperio, aut intacti, aut invicti, mansêre. Depuis le temps de Justin ils ont ajouté à ce nombre. Voltaire (t. X, p. 64 de son Histoire générale, c. 156) a rassemblé en peu de mots les conquêtes des Tartares.

    Oft, o’er the trembling nations from afar,
    Has Scythia breath’d the living cloud of war.

  2. Le quatrième livre d’Hérodote offre un portrait des Scythes, curieux quoique imparfait. Parmi les modernes qui ont peint le tableau de ces mœurs uniformes, il en est un, le khan de Khowaresm, Abulghazi-Bahadur, qui parle d’après ce qu’il a senti lui-même ; et les éditeurs français et anglais ont éclairci, par d’abondantes recherches, son Histoire généalogique des Tartares. Carpin, Ascelin et Rubru-