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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/151

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où les princes de la famille régnante et les mursas des différentes tribus pouvaient à l’aise se réunir à cheval et suivis de tous leurs guerriers : le monarque ambitieux, en passant en revue les forces d’un peuple armé, se voyait obligé de consulter son inclination. On aperçoit, dans la constitution politique des nations Scythes ou tartares, les principes du gouvernement féodal ; mais le conflit perpétuel de ces peuples turbulens s’est terminé quelquefois par l’établissement d’un empire despotique. Le conquérant, enrichi par les tribus et soutenu par les armes de plusieurs rois dépendans, a étendu ses conquêtes dans l’Europe et dans l’Asie. Les pasteurs du Nord se sont assujettis aux arts, aux lois et à la gêne de résider dans des villes ; et le luxe, après avoir détruit la liberté, a ébranlé peu à peu les fondemens du trône[1].

Situation et étendue de la Scythie et de la Tartarie.

Le souvenir des événemens ne se conserve pas long-temps chez une nation ignorante et sujette à des migrations fréquentes et éloignées. Les Tartares modernes ignorent les conquêtes de leurs ancêtres[2] ; et nous avons puisé notre connaissance

    (l. I, c. 6 ; l. IV, c. 11). Ces assemblées sont fréquemment citées dans l’Histoire persane de Timur, quoiqu’elles ne servissent qu’à légitimer les résolutions de leur maître.

  1. Montesquieu travaille péniblement à expliquer une différence qui n’a jamais existé entre la liberté des Arabes et l’esclavage perpétuel des Tartares. (Esprit des Lois, l. XVII, c. 5, l. XVIII, c. 19, etc.)
  2. Abulghazi-khan, dans les deux premières parties de son Histoire généalogique, raconte les fables ridicules et les