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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/215

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ment du Bosphore aux montagnes qui bordent la Thrace du côté de l’occident. La terreur ou l’incapacité de Maurus leur livra le passage de Succi, et n’ayant plus de résistance à craindre des armées de l’Orient vaincues et dispersées, les Goths se répandirent sur la vaste surface d’un pays fertile et cultivé, jusqu’aux confins de l’Italie et de la mer Adriatique[1].

Les Goths ravagent les provinces romaines. A. D. 378, 379.

Les Romains, qui racontent avec tant de froideur et de concision les actes de justice exercés par les légions[2], réservent leur compassion et leur éloquence pour les maux dont ils furent affligés eux-mêmes, lorsque les Barbares victorieux envahirent et saccagèrent leurs provinces. Le récit simple et circonstancié (si toutefois il en existe un seul de ce genre) de la ruine d’une seule ville, ou des malheurs

  1. On peut encore suivre le fil des événemens dans les dernières pages d’Ammien (XXXI, 15, 16). Zosime (l. IV, p. 227, 231), des secours duquel nous sommes maintenant réduits à nous féliciter, place mal à propos l’irruption des Arabes avant la mort de Valens. Eunape (in Excerpt. leg., p. 20) parle de la Thrace et de la Macédoine comme de pays très-fertiles, etc.
  2. Observez avec quelle indifférence César raconte dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules, qu’il fit périr tout le sénat des Vénètes qui s’étaient rendus à discrétion (III, 16) ; qu’il fit son possible pour extirper toute la nation des Éburons (VI, 31) ; que ses soldats exercèrent à Bourges une juste vengeance, et massacrèrent quarante mille personnes, sans distinction de sexe ni d’âge (VII, 27, etc.).