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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/221

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également habile dans les sciences de la politique et de la guerre. Un sujet revêtu d’un commandement si étendu, ne serait pas resté long-temps fidèle à son bienfaiteur éloigné, et le conseil impérial adopta la noble résolution d’accorder un bienfait, plutôt que de s’exposer à un affront. Gratien voulait faire de la pourpre la récompense de la vertu ; mais à l’âge de dix-neuf ans, il n’est pas facile à un prince né sur les marches du trône, de connaître le véritable caractère de ses ministres et de ses généraux. Il essayait de peser d’une main impartiale leur mérite et leurs défauts, et en même temps qu’il repoussait la confiance trop imprudente de l’ambitieux, il se méfiait de la prudence trop timide, toujours prête à désespérer du salut de la république. Cependant ce n’était pas le moment de la délibération ; chaque instant de délai diminuait la puissance et les ressources du futur empereur de l’Orient. Le choix de Gratien se déclara bientôt en faveur d’un exilé, dont le père avait souffert, seulement trois ans auparavant, sous la sanction de son autorité, une mort injuste et ignominieuse. Théodose-le-Grand, nom célèbre dans l’histoire et cher à l’Église[1] catholique, reçut

  1. On a composé dans le dernier siècle (Paris, 1679) une Vie de Théodose, in-4o (en 1680, in-12), pour animer le jeune dauphin du zèle de la foi catholique. Fléchier, l’auteur de cette histoire, et depuis évêque de Nîmes, était un prédicateur éloquent, et l’éloquence de la chaire orne ou défigure son ouvrage ; mais il a pris ses faits chez Baronius, et ses principes dans saint Ambroise et saint Augustin.