Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/248

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blic l’autorité qu’ils conservaient sur leur pupille ; et par leur secours secret, le jeune souverain parut agir, dans les circonstances les plus importantes de sa vie et de son règne, avec autant de prudence que de fermeté ; mais l’influence de leurs instructions ne fit qu’une impression peu profonde, et les habiles instituteurs qui dirigeaient si judicieusement la conduite de Gratien, ne purent introduire dans son âme indolente et faible le principe d’activité, germe vigoureux et indépendant des grandes actions qui rend la poursuite de la gloire nécessaire au bonheur et même à l’existence d’un héros. Dès que le temps ou les événemens eurent éloigné de son trône ces fidèles conseillers, l’empereur d’Occident redescendit insensiblement au niveau de son génie naturel. Il abandonna les rênes du gouvernement aux mains ambitieuses toujours prêtes à s’en saisir, et consuma ses loisirs dans les occupations les plus frivoles. Les indignes agens de son pouvoir, sur le mérite desquels on ne pouvait élever un doute sans devenir coupable de sacrilège[1], vendaient publiquement à la cour et dans les provinces leur faveur

    lie (A. D. 377), de la Gaule (A. D. 378), et obtint enfin le consulat (A. D. 379). Il publia sa reconnaissance dans un morceau rempli d’une adulation basse et insipide (Actio gratiarum, p. 699-736), qui a survécu à des productions beaucoup plus estimables.

  1. Disputare de principali judicio non opportet. Sacrilegii enim instar est dubitare, an is dignus sit, quem imperator elegerit. (Codex Justin., l. IX, tit. 29, leg. 3,) Après la mort