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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/252

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quelles causes amenèrent la rébellion de la Grande-Bretagne, le hasard est souvent la source du désordre, et les semences de la révolte tombèrent sur un sol qu’on regardait comme plus fertile qu’aucun autre en tyrans et en usurpateurs[1]. [Révolte de Maxime dans la Grande-Bretagne.]Les légions de cette île se distinguaient depuis long-temps par leur arrogante présomption[2], et le nom de Maxime fut proclamé par les voix tumultueuses mais unanimes des soldats et des habitans de la province. L’empereur ou le rebelle, car la fortune n’avait point encore justifié son titre, était espagnol, compatriote, compagnon d’armes et rival de Théodose, dont il n’avait pas vu l’élévation sans quelques mouvemens d’envie et de ressentiment. Les événemens de sa vie le fixaient depuis plusieurs années en Bretagne, et j’aurais désiré trouver quelque preuve du mariage qu’il avait contracté, dit-on, avec la fille d’un seigneur opulent du Caernavonshire[3]; mais son rang

  1. Britannia, fertilis provincia tyrannorum, est une expression remarquable, dont saint Jérôme se servit dans la controverse de Pélage, et que nos antiquaires ont expliquée dans leurs disputes, fort différemment l’un de l’autre. Les révolutions du dernier siècle semblent justifier l’image du sublime Bossuet : « Cette île plus orageuse que les mers qui l’environnent. »
  2. Zosime dit des soldats bretons : των αλλων απαντων πλεον αυθαδεια και θυμω νικομενο‌υς
  3. Hélène, fille d’Eudda. On peut encore voir sa chapelle à Caer-Segont, aujourd’hui Caer-Narvon. (Hist. d’Angleterre par Carte, vol. I, p. 168, d’après la Mona antiqua de Row-