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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/263

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Arianisme de Constantinople. A. D. 340-380.

Constantinople était le siége principal de l’arianisme, et les écoles orthodoxes de Rome et d’Alexandrie avaient constamment rejeté, durant l’espace de quarante ans[1], la foi des princes et des évêques qui gouvernaient la capitale de l’Orient. Le siége archiépiscopal de Macédonius, souillé d’une si grande quantité de sang chrétien, avait été successivement occupé par Eudoxe et par Damophile. Les vices et les erreurs de toutes les provinces de l’empire affluaient librement dans leur diocèse ; l’ardeur des controverses religieuses offrait une occupation de plus à l’oisiveté turbulente de la métropole, et nous pouvons en croire l’observateur intelligent qui décrit, sur le ton de la plaisanterie, les effets de leur zèle verbeux, « Cette ville, dit-il, est pleine d’esclaves et de gens de métier qui sont tous de profonds théologiens, et qui prêchent dans les boutiques et dans les rues. Priez un homme de vous changer une pièce d’argent, il vous apprendra en quoi le Fils diffère du Père. Demandez à un autre le prix d’un pain, il vous répondra que le Fils est inférieur au Père. Informez-vous si le bain est prêt, on vous dira que le Fils a été créé de rien[2]. » Les hérétiques de toutes les dé-

  1. Sozomène, l. VII, c. 5 ; Socrate, l. V, c. 7 ; Marcellin, in Chron. L’histoire des quarante années doit dater de l’élection ou de l’intrusion d’Eusèbe, qui troqua fort adroitement l’évêché de Nicomédie contre la chaire archiépiscopale de Constantinople.
  2. Voyez les Remarques de Jortin sur l’Histoire ecclésiastique, vol. IV, p. 71. Le trente-troisième discours de