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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/275

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servée par tradition, ou leur avoir été inspirée ; mais la circonspection de l’histoire ne peut pas accorder un grand degré de confiance à l’autorité personnelle des évêques de Constantinople. Dans un siècle où les ecclésiastiques avaient renoncé scandaleusement à la pureté apostolique, les plus indignes, les plus corrompus étaient les plus assidus à suivre et à troubler les assemblées épiscopales. La fermentation et le conflit de tant d’intérêts opposés, de tant de caractères différens, enflammaient les passions des prélats, et leurs passions principales étaient l’amour de l’or et de la controverse. Parmi les évêques qui applaudissaient alors à la piété orthodoxe de Théodose, il en était un grand nombre dont la prudence flexible avait changé plusieurs fois de symbole et d’opinion ; et dans les différentes révolutions de l’état et de l’Église, la religion du souverain servait toujours de règle à leur obséquieuse conscience. Dès que l’empereur cessait de faire agir son influence, le turbulent synode se livrait aux impulsions de la haine, du ressentiment et de la vengeance. Durant la tenue du concile de Constantinople, la mort de Mélèce offrit un moyen facile de terminer le schisme d’Antioche, en permettant à Paulin, son rival, fort âgé, d’occuper paisiblement jusqu’à sa mort le siége épiscopal. La foi et les vertus de Paulin étaient irréprochables ; mais les Églises de l’Occident avaient pris sa défense, et les évêques du synode résolurent de perpétuer la discorde par l’or-