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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/278

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point soutenir une contestation dans laquelle sa fermeté aurait pu être imputée à l’ambition ou à l’amour des richesses ; il offrit publiquement, non sans quelque sentiment d’indignation, de quitter le gouvernement d’une Église restaurée et presque créée par ses travaux. Le concile accepta sa résignation, et l’empereur lui-même y consentit avec plus de facilité que le prélat ne semblait le prévoir. Au moment où il pouvait espérer de jouir des fruits de sa victoire, le sénateur Nectarius prit possession de son archevêché ; choisi presque par hasard, le nouvel archevêque n’avait guère d’autre recommandation qu’une grande facilité de caractère unie à une figure vénérable. On fut obligé de retarder la cérémonie de sa consécration pour lui administrer d’abord, en grande hâte, le sacrement de baptême[1]. Après cette triste expérience de l’ingratitude des princes et des prélats, saint Grégoire de Nazianze rentra paisiblement dans sa retraite de Cappadoce, où il employa le reste de sa vie, environ huit ans, à des œuvres de poésie et de dévotion. On a décoré son nom du titre de saint : la sensibilité de son âme et l’élégance de son génie[2] le couronnent d’un plus doux éclat.

  1. Sozomène (l. VII, c. 8) atteste la bizarre ordination de Nectarius ; mais Tillemont observe (Mém. ecclés., t. 9, p. 719) : « qu’après tout, ce narré de Sozomène est si honteux pour tous ceux qu’il y mêle, et surtout pour Théodose, qu’il vaut mieux travailler à le détruire qu’à le soutenir. » Admirable règle de critique !
  2. On supposera bien, sans que j’en avertisse, qu’en fai-