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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/281

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séparait de leurs concitoyens par une tache d’infamie particulière ; et cette marque imprimée sur eux par le suprême magistrat de l’empire, tendait à encourager ou au moins à excuser les insultes d’une populace fanatique. Les sectaires furent successivement exclus de tout emploi honorable ou lucratif ; et Théodose crut faire un acte de justice, quand il ordonna que les eunomiens, par la raison qu’ils distinguaient la nature du Père de celle du Fils, seraient privés du droit de tester et de recevoir aucun don testamentaire. L’hérésie des manichéens parut si criminelle, que la mort du coupable pouvait seule l’expier ; on condamna aussi à une peine capitale les audiens ou quartodecimans[1], dont l’horrible impiété allait jusqu’à déplacer la fête de Pâques, pour la célébrer à une époque différente. Tout Romain avait le droit de se porter publiquement pour accusateur ; mais l’office d’inquisiteur de la foi, dont le nom est si justement abhorré, prit naissance sous le règne de Théodose. Cependant nous croyons pouvoir assurer que ces lois pénales furent rarement exécutées à la rigueur, et que le pieux monarque

  1. Ils célébraient la fête de Pâques comme les Juifs, le quatorzième jour de la première lune après l’équinoxe du printemps, et s’opposaient ainsi obstinément à l’Église romaine, qui fixait, ainsi que le synode de Nicée, la fête de Pâques sur un dimanche. (Antiq. de Bingham, l. XX, c. 5, vol. II, p. 309, édit. in-fol.)