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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/286

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évêques se déshonorèrent en se portant pour accusateurs dans une poursuite criminelle. La cruauté d’Ithacius, qui sollicita la mort des hérétiques et fut témoin de leurs tortures, enflamma le public d’indignation, et les vices de cet évêque corrompu servirent de preuve à la bassesse de ses motifs. Depuis la mort de Priscillien, l’exercice de la persécution a pris une forme plus régulière dans le Saint-Office, qui distribue aux justices ecclésiastique et séculière leurs différentes fonctions. Le prêtre livre sa victime au magistrat, le magistrat la remet à l’exécuteur, et la sentence inexorable de l’Église, qui atteste le crime spirituel du coupable, est énoncée en termes qui semblent n’exprimer que la pitié et l’intercession.

Saint Ambroise, évêque de Milan. A. D. 374-397.

Parmi les ecclésiastiques qui ont illustré le règne Théodose, saint Grégoire de Nazianze se distingua par ses talens pour la chaire : le don des miracles ajouta, dans l’opinion des hommes, un grand éclat aux vertus monastiques de saint Martin de Tours[1] ; mais la vigueur et l’habileté de l’intrépide saint Ambroise lui obtinrent, à juste titre, le premier rang

    Pacatus, orateur païen (Paneg. vet., XII, 29), condamnent avec une égale indignation le caractère et la conduite d’Ithacius.

  1. La Vie de saint Martin et les Dialogues relatifs à ses miracles contiennent des faits qui respirent la plus grossière ignorance, dans un style qui n’est point indigne du siècle d’Auguste. L’alliance du bon sens et du bon goût est si naturelle, que ce contraste me surprend toujours.