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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/311

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trages que la multitude prodigua aux images de la majesté impériale, manifestèrent assez quels étaient ses vœux coupables et sacriléges. L’arrivée d’un corps d’archers fit cesser presque sur-le-champ le tumulte, et les habitans d’Antioche eurent le temps de réfléchir sur l’énormité de leur faute et sur le danger du châtiment[1]. Le gouverneur de la province rendit à la cour, comme il y était obligé par les devoirs de sa place, un compte exact de toutes les circonstances de l’émeute ; et de leur côté, pour porter à la cour l’aveu de leur crime et l’assurance de leur repentir, les citoyens tremblans se confièrent au zèle de Flavien, leur évêque, et à l’éloquence d’Hilaire, l’ami et probablement le disciple de Libanius, dont le génie, dans cette triste circonstance, ne fut pas inutile à sa patrie[2]. Une distance de huit cents milles séparait Antioche de Constantinople ; et malgré la diligence des postes impériales, ce fut déjà pour la ville coupable une punition sévère que le long effroi qui précéda les réponses. La moindre

  1. Les chrétiens et les païens crurent unanimement que la sédition avait été excitée par les démons. Une femme d’une taille gigantesque, dit Sozomène, se promenait dans les rues un fouet à la main ; un vieillard, dit Libanius (orat. XII, p. 396), se transforma d’abord en jeune homme, et ensuite en petit enfant, etc.
  2. Zosime se trompe sûrement dans son récit court et dénué de bonne foi (t. IV, p. 258, 259), lorsqu’il envoie Libanius en personne à Constantinople ; ses propres discours prouvent qu’il resta à Antioche.