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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/347

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sénateurs faisaient serment sur son autel d’obéir aux lois de l’empereur et de l’empire ; et dans toutes les délibérations publiques, ils commençaient par présenter une offrande de vin et d’encens à la déesse de la Victoire[1]. La suppression de cet ancien monument était le seul outrage que Constance eût fait éprouver à la superstition des Romains. Julien rétablit l’autel de la Victoire, Valentinien le toléra, et le zèle de Gratien[2] le fit disparaître pour la seconde fois ; mais l’empereur laissa subsister les statues des dieux offerts à la vénération publique : quatre cent vingt-quatre temples ou chapelles ouvertes dans les différens quartiers de Rome à la dévotion du peuple, offensaient la délicatesse des chrétiens par l’odeur des sacrifices de l’idolâtrie[3].

Le sénat demande le rétablissement de l’autel de la Victoire. A. D. 384.

Mais les chrétiens ne composaient à Rome qu’une faible partie du sénat[4], et ils ne pouvaient déclarer que par leur absence leur opposition aux actes

  1. Voyez Suétone (in August., c. 35) et l’exorde du Panégyrique de Pline.
  2. Ces faits sont avoués unanimement par les avocats des deux partis, Symmaque et saint Ambroise.
  3. La Notitia urbis, plus récente que Constantin, ne trouve pas une seule des églises chrétiennes digne d’être nommée au nombre des édifices de la ville. Saint Ambroise (t. II, épit. 17, p. 825) déplore les scandales publics de Rome, qui incommodaient continuellement les yeux, les oreilles et l’odorat des fidèles.
  4. Saint Ambroise affirme à plusieurs reprises, au mépris du bon sens, que les chrétiens avaient la majorité dans le sénat. (Œuvres de Moyle, vol. II, p. 147.)