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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/363

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on les tolérait encore dans le temple de Sérapis, et on donnait imprudemment pour motif de cette singulière indulgence les terreurs superstitieuses des chrétiens. Ils semblaient craindre eux-mêmes d’abolir des cérémonies anciennes qui pouvaient seules assurer les inondations régulières du Nil, les moissons de l’Égypte, et la subsistance de Constantinople[1].

Sa destruction totale. A. D. 389.

Un homme audacieux et pervers[2], l’ennemi perpétuel de la paix et de la vertu, dont les mains se souillaient alternativement d’or et de sang, Théophile occupait alors le siége archiépiscopal d’Alexandrie[3]. Les honneurs du dieu Sérapis excitèrent sa pieuse indignation ; et les insultes qu’il fit à l’ancienne chapelle de Bacchus, avertirent les païens de l’entreprise plus importante qu’il méditait. Dans la tumultueuse cité d’Alexandrie le sujet le plus léger suffisait pour donner lieu à une guerre civile. Les adorateurs de Sérapis, fort inférieurs en

  1. Libanius (pro Templis) irrite indiscrètement ses maîtres chrétiens par cette remarque insultante.
  2. Nous pouvons choisir entre la date de Marcellin (A. D. 389) et celle de Prosper (A. D. 391). Tillemont (Hist. des empereurs, t. V, p. 310, 756) préfère la première, et Pagi choisit la dernière.
  3. Tillemont, Mém. ecclés., t. XI, p. 441-500. La situation équivoque de Théophile, que saint Jérôme, son ami, a peint comme un saint, et saint Chrysostôme, son ennemi, comme un diable, produit une sorte d’impartialité ; cependant, à tout résumer, le résultat semble lui être défavorable.