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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/381

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affermit la foi et la discipline du monde catholique. Les honneurs des saints et des martyrs, après quelques faibles et inutiles murmures d’une raison profane[1], s’établirent universellement ; et dans le siècle de saint Ambroise et de saint Jérôme, il semblait manquer quelque chose à la sainteté d’une église, jusqu’à ce qu’elle eût été consacrée par une parcelle de saintes reliques qui pussent fixer et enflammer la dévotion des fidèles.

Réflexions générales.

Dans la longue période de douze cents ans qui s’écoula entre le règne de Constantin et la réformation de Luther, le culte des saints et des reliques corrompit la simplicité pure et parfaite de la religion chrétienne, et on peut observer déjà quelques symptômes de dépravation chez les premières générations qui adoptèrent et consacrèrent cette pernicieuse innovation.

Reliques et martyrs fabuleux.

I. Le clergé, instruit par l’expérience que les reliques des saints avaient plus de valeur que l’or et les pierres précieuses[2], s’efforça d’augmenter les

  1. Le prêtre Vigilantius, le protestant de son siècle, rejeta toujours avec fermeté, mais inutilement, les superstitions des moines, les reliques, les saints, les jeûnes, etc. ; en raison de quoi saint Jérôme le compare à l’hydre, à Cerbère, aux centaures, etc., et ne voit en lui que l’organe des démons (t. II, p. 120-126). Quiconque lira la controverse de saint Jérôme et de Vigilantius, et le récit que fait saint Augustin des miracles de saint Étienne, se formera une idée juste de l’esprit des Pères.
  2. M. de Beausobre (Hist. du Manichéisme, t. II, p. 648)