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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/394

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l’Éthiopie. Le jeune Honorius, son frère, fut décoré, dans la onzième année de son âge, du titre d’empereur de l’Italie, de l’Afrique, de la Gaule, de l’Espagne et de la Grande-Bretagne ; les troupes qui gardaient les frontières de son empire servaient de barrière, d’un côté contre les Mores, et de l’autre contre les Calédoniens. Les deux princes partagèrent entre eux la vaste et belliqueuse préfecture de l’Illyrie ; les provinces de Norique, de Pannonie et de Dalmatie appartinrent à l’empire d’Occident ; mais les deux grands diocèses de Dacie et de Macédoine, confiés autrefois par Gratien à la valeur de Théodose, furent irrévocablement réunis à l’empire de l’Orient. Les bornes en Europe étaient à peu près celles qui séparent aujourd’hui les Turcs des Allemands. Dans cette division définitive et durable de l’Empire romain, on pesa de bonne foi, et l’on compensa les différens avantages de territoire, de richesses, de population et de forces militaires. Le sceptre héréditaire des enfans de Théodose semblait leur appartenir par le droit de la nature et le don de leur père. Les généraux et les ministres s’étaient accoutumés à révérer dans les jeunes princes la dignité impériale ; l’exemple dangereux d’une nouvelle élection ne vint point avertir le peuple et les soldats de leurs droits et de leur puissance. Les preuves qu’Arcadius et Honorius donnèrent successivement de leur faiblesse et de leur incapacité, les malheurs multipliés de leur règne, ne suffirent point pour détruire les sentimens de fidélité dont leurs