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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/421

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d’Afrique, il aurait exposé la capitale et la majesté de l’empereur d’Occident à tomber sous l’insolente et capricieuse domination d’un More rebelle. Gildon[1], frère du tyran Firmus, avait obtenu et conservé pour récompense de sa fidélité apparente, l’immense patrimoine dont la rébellion de son frère avait privé sa famille. Ses longs et utiles services dans les armées de Rome relevèrent à la dignité de comte militaire. La politique bornée de la cour de Théodose avait adopté le dangereux principe de soutenir un gouvernement légal par l’influence d’une famille puissante ; et le frère de Firmus obtint le commandement de l’Afrique. L’ambitieux Gildon usurpa bientôt l’administration arbitraire et absolue de la justice et des finances, et se maintint pendant douze ans dans la possession d’une autorité dont on ne pouvait le dépouiller sans courir les risques d’une guerre civile. Durant ces douze années, les provinces de l’Afrique gémirent sous la puissance d’un tyran qui semblait réunir l’indifférence d’un étranger au ressentiment particulier, suite des factions civiles. L’usage du poison remplaçait souvent les formes de la loi ; et lorsque les convives tremblans que Gildon invitait à sa table osaient annoncer leur crainte, ce

  1. Claudien peut avoir exagéré les vices de Gildon ; mais son extraction moresque, ses actions connues et les plaintes de saint Augustin, justifient en quelque façon les invectives du poète. Baronius (Ann. eccl., A. D. 398, nos 35-56) a traité de la révolte de l’Afrique avec autant d’intelligence que d’érudition.