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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/428

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Quelques-uns d’eux se laissèrent persuader par ses instances de monter sur ses vaisseaux ; et l’on observe, à la louange du général romain, qu’il passait les jours et les nuits à prier, à jeûner et à chanter des psaumes. Le dévot général, qui, avec un pareil renfort, semblait compter sur la victoire, évita les rochers de la Corse, longea les côtes orientales de la Sardaigne, et mit ses vaisseaux en sûreté contre la violence des vents du sud en jetant l’ancre dans le port vaste et sûr de Cagliari, à la distance de cent quarante milles des côtes de l’Afrique[1].

Défaite et mort de Gildon. A. D. 398.

Gildon avait mis sur pied, pour repousser l’invasion, toutes les forces de cette province. Il avait tâché de s’assurer par des dons et par des promesses, la fidélité suspecte des soldats romains, en même temps qu’il attirait sous ses drapeaux les tribus éloignées de la Gétulie et de l’Éthiopie. Après avoir passé en revue une armée de soixante-dix mille hommes, l’orgueilleux usurpateur se vantait, avec une folle présomption qui est presque toujours l’avant-coureur d’un revers, que sa nombreuse cavalerie foulerait aux pieds la petite troupe de Mascezel, et ensevelirait dans un nuage de sable brûlant ces soldats tirés des froides régions de la Gaule et de

    (epist. 81) ; apud Tillemont (Mém. ecclés., t. XIII, p. 317) ; et Baronius (Annal. ecclés., A. D. 398, no 51).

  1. Ici se termine le premier livre de la guerre de Gildon. Le reste du poëme de Claudien a été perdu, et nous ignorons où et comment l’armée a abordé en Afrique.