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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/439

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aisément braver les traits impuissans et mal dirigés d’une armée de Barbares. Alaric dédaigna d’opprimer plus long-temps les peuples soumis et ruinés de la Thrace et de la Dacie, et il alla chercher la gloire et la richesse dans une province échappée jusqu’alors aux ravages de la guerre[1].

Alaric marche en Grèce. A. D. 396.

Le caractère des officiers civils et militaires auxquels Rufin avait confié le gouvernement de la Grèce, confirma les soupçons du public ; et l’on ne douta plus qu’il n’eût le dessein de livrer au chef des Goths l’ancienne patrie des sciences et de la liberté. Le proconsul Antiochus était le fils indigne d’un père respectable, et Gerontius, qui commandait les troupes provinciales, semblait plus propre à exécuter les ordres tyranniques d’un despote, qu’à défendre avec courage et intelligence un pays singulièrement fortifié par les mains de la nature. Alaric avait traversé sans résistance les plaines de Macédoine et de Thessalie jusqu’au pied du mont Œta, dont les collines, escarpées et couvertes de bois, formaient une chaîne presque impénétrable à la cavalerie. Elles s’étendaient d’Orient en Occident jusqu’aux bords de la mer, et ne laissaient entre le précipice qu’elles formaient et le golfe Malien qu’un intervalle de trois cents pieds, qui se réduisait dans

  1. Zosime (l. V, p. 293-295) est le meilleur guide pour la conquête de la Grèce ; mais les passages et les allusions de Claudien sont autant de traits de lumière pour l’histoire.