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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/442

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aurait été facilement rendue impraticable pour une armée d’ennemis. Les bois épais et obscurs du mont Cithéron couvraient l’intérieur du pays. Les rochers Scironiens qui bordaient le rivage semblaient suspendus sur le sentier étroit et tortueux, resserré dans une longueur de plus de six milles, le long des côtes de la mer[1]. L’isthme de Corinthe terminait le passage de ces rochers si détestés dans tous les siècles ; et un petit nombre de braves soldats auraient facilement défendu un retranchement de cinq ou six milles, établi momentanément entre la mer d’Ionie et la mer Égée. Les villes du Péloponnèse, se fiant à leur rempart naturel, avaient négligé le soin de leurs murs antiques, et l’avarice des gouverneurs romains trahit cette malheureuse province après l’avoir épuisée[2]. Argos, Sparte, Corinthe, cédèrent sans résistance aux armes des Goths, et les plus heureux des habitans furent ceux qui, premières victimes de leur fureur, évitèrent par la mort le spectacle affreux de leurs maisons en cendres et de

  1. … Vallata mari Scironia rupes,
    Et duo continuo connectens æquora muro
    Isthmos.

    Claudien, De bell. getico, 188. Pausanias a décrit les rochers Scironiens (l. I, c. 44, p. 107, édit. Kuhn.), et nos voyageurs modernes, Wheeler (p. 436) et Chandler (p. 298) en ont aussi donné une description. Adrien rendit la route praticable pour deux voitures de front.

  2. Claudien (in Rufin., l. II, 186, et De bell. getic., 611, etc.) peint vaguement, mais avec force, cette scène de dévastation.