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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/45

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favoris s’aperçurent bientôt qu’en hasardant d’éluder ou même de suspendre l’exécution de ses ordres sanguinaires, ils couraient risque de partager le crime et le châtiment de la désobéissance. À force de satisfaire sa féroce justice, Valentinien endurcit son âme contre les remords et contre la pitié ; et l’habitude de la cruauté vint rendre plus implacables les emportemens de sa colère : il pouvait contempler avec une tranquille satisfaction les agonies convulsives de la torture et de la mort ; et son amitié était le prix réservé à la fidélité de ceux de ses serviteurs dont le caractère lui semblait analogue au sien. Maximin répandit à Rome le sang des plus illustres citoyens ; honoré de l’approbation de l’empereur, il obtint encore, pour récompense, la préfecture de la Gaule. Deux ours féroces et énormes, connus l’un sous le nom d’Innocence, l’autre sous le nom de Mica aurea, méritaient seuls de partager, dans le cœur du monarque, la faveur de Maximin[1].

    sibi mutari provinciam cupit. Un enfant qui avait lâché trop tôt un lévrier, un armurier qui avait poli une cuirasse, et l’avait rendue trop légère de quelques grains, relativement au poids convenu, etc., furent les victimes de sa cruauté.

  1. Les innocens de Milan étaient un agent et trois appariteurs, que Valentinien fit exécuter pour avoir signifié des sommations légales. C’est une étrange idée que de supposer, ainsi que le fait Ammien (XXVII, 7), que les chrétiens honoraient comme martyrs tous ceux qui étaient condamnés injustement. Son silence impartial ne nous laisse point présumer que le chambellan Rhodanus ait été brûlé vif pour des actes de tyrannie. (Chron. Paschal., p. 302.)