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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/473

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tielles qui s’exhalent ordinairement des terres basses et marécageuses, avait, comme celui des environs d’Alexandrie, la réputation d’être pur et salubre ; on attribuait ce singulier avantage aux marées régulières de la mer Adriatique, qui balayaient les canaux, empêchaient la pernicieuse stagnation des eaux, et amenaient tous les jours les vaisseaux des pays voisins jusqu’au milieu de Ravenne. La mer s’est retirée insensiblement à quatre milles de la ville moderne. Dès le cinquième ou sixième siècle de l’ère chrétienne, le port d’Auguste se trouvait converti en vergers agréables, et une plantation de pins occupait l’endroit où les vaisseaux des Romains avaient jadis jeté l’ancre[1]. Cette révolution contribuait encore à rendre l’accès plus difficile, et le peu de profondeur des eaux suffisait pour arrêter les grands vaisseaux des ennemis. Ces fortifications naturelles étaient perfectionnées par les travaux de l’art ; et dans la vingtième année de son âge, l’empereur d’Occident, uniquement occupé de sa sûreté personnelle, se confina pour toujours entre les murs et les marais de Ravenne. L’exemple d’Honorius fut imité par ses faibles successeurs, par les rois goths et les exarques qui occupèrent depuis le trône et le palais des empereurs ;

  1. La fable de Théodore et d’Honoria, que Dryden a tirée de Boccace et traitée si supérieurement (Giornata III, Nov. 8), se passait dans le bois de Chiassi, corruption du mot classis, qui désignait la station navale ou le port, qui, avec la route ou le faubourg intermédiaire, la Via Cæsaris, composait la triple cité de Ravenne.