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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/497

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à un danger plus pressant et plus personnel. Sarus le Goth avait reçu l’ordre d’apporter la tête de Constantin aux pieds de l’empereur Honorius ; et cette querelle intestine consuma sans gloire les forces de la Bretagne et de l’Italie. Après la mort de ses deux plus braves généraux, Justinien et Nevigastes, dont le premier perdit la vie sur le champ de bataille, et l’autre par trahison dans une entrevue, le nouveau monarque d’Occident se retira dans les fortifications de Vienne. L’armée impériale l’attaqua sept jours de suite sans succès, et forcée de se retirer avec précipitation, fut honteusement obligée de payer aux brigands et aux aventuriers des Alpes la sûreté de son passage[1]. Ces montagnes séparaient alors les états des deux monarques rivaux ; et les fortifications de cette double frontière étaient gardées par les troupes de l’empire, qui auraient été plus utilement employées à chasser de ses provinces les Scythes et les Germains.

Constantin soumet l’Espagne. A. D. 408.

Du côté des Pyrénées, la proximité du danger pouvait justifier l’ambition de Constantin ; mais sa puissance se trouva bientôt affermie par la conquête ou plutôt par la soumission de l’Espagne, qui suivit l’influence d’une subordination habituelle et reçut les lois et les magistrats de la préfecture de la Gaule.

  1. Bagaudæ est le nom que Zosime leur donne ; peut-être en méritaient-ils un moins odieux. Voyez Dubos (Histoire critique, t. I, p. 203), et cette Histoire ; nous aurons encore occasion d’en parler.