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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/499

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et si l’on peut supposer que les Écossais furent entraînés par un sentiment de partialité pour un prince breton, les Mores et les Marcomans n’avaient pas cette excuse ; mais ils cédèrent aux profusions de l’usurpateur, qui distribuait aux Barbares les honneurs militaires et même les emplois civils de l’Espagne. Les neuf bandes d’Honoriens, dont il est aisé de trouver la place dans l’état militaire de l’empire d’Occident, n’excédaient pas le nombre de cinq mille hommes, et cependant cette force peu redoutable suffit pour terminer une guerre qui avait menacé la puissance et la sûreté de Constantin. L’armée rustique des parens de Théodose fut environnée et détruite dans les montagnes des Pyrénées. Deux des frères eurent le bonheur de se réfugier par mer en Italie et en Orient : les deux autres, après quelques délais, furent exécutés à Arles. Si Honorius demeurait insensible aux calamités du public, il dut peut-être au moins déplorer le malheur particulier de ses généreux parens. Tels furent les faibles moyens qui décidèrent à qui resterait la possession des provinces occidentales de l’Europe, depuis le mur d’Antonin jusqu’aux colonnes d’Hercule. Les événemens de la guerre et de la paix ont sans doute été rapetissés par les écrivains de ces temps, dont les vues étroites et imparfaites ne s’étendaient point sur les causes ni sur les effets des plus importantes révolutions ; mais l’anéantissement des forces nationales avait détruit jusqu’à la dernière ressource du despotisme ; et le revenu des provinces épuisées ne pouvait plus acheter le