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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/504

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pense de ses services, et il s’était désisté de poursuivre son entreprise ; sa retraite était une nouvelle preuve de son obéissance aux ordres particuliers de l’empereur lui-même ; sans chercher à dissimuler les erreurs de ce qui lui était cher, Stilichon avouait que ces ordres contradictoires avaient été obtenus par l’intercession de Sérène. La discorde des deux augustes frères, les fils de son père adoptif, avait affecté trop vivement peut-être la sensibilité de sa femme, et les sentimens de la nature l’avaient emporté, trop facilement sans doute, sur la loi sévère de l’intérêt public. » L’autorité de Stilichon appuya des raisons spécieuses qui déguisaient faiblement les intrigues obscures de la cour de Ravenne ; et, après un long débat, il obtint du sénat une sanction accordée avec répugnance. La voix du courage et de la liberté garda le silence, et l’on vota, sous le nom de subside, une somme de quatre mille livres d’or, pour assurer la paix de l’Italie et conserver l’alliance du roi des Goths. Le seul Lampadius, un des plus illustres membres de l’assemblée, persista dans son refus ; et après s’être écrié avec véhémence : « Ceci n’est point un traité de paix, mais un pacte d’esclavage[1], » il évita le danger d’une si audacieuse opposition par une retraite précipitée dans le sanctuaire d’une église chrétienne.

  1. Zosime, l. V, p. 338, 339. Il répète les expressions de Lampadius dans la langue où elles furent prononcées : « Non est ista pax, sed pactio servitutis ; » et ensuite il les traduit en grec, pour la commodité de ses lecteurs.