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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/62

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aux prêtres des idoles. Mais la sagesse et l’autorité du législateur remportent rarement la victoire sur la vigilente adresse de l’intérêt personnel, et saint Jérôme et saint Ambroise pouvaient acquiescer patiemment à l’équité d’une loi ou impuissante ou salutaire : Si les ecclésiastiques se trouvaient arrêtés dans la poursuite de leurs avantages particuliers, il était probable que leur louable industrie se tournerait alors à augmenter le patrimoine de l’Église, et à cacher ainsi leur avidité sous le manteau du patriotisme et de la piété[1].

Ambition et luxe de Damase, évêque de Rome. A. D. 366-384.

Damase, évêque de Rome, ayant été forcé de publier la loi par laquelle Valentinien châtiait l’avidité du clergé, eut l’adresse ou le bonheur d’attirer dans son parti le savant et zélé saint Jérôme, dont la reconnaissance a célébré le mérite et le caractère très-suspect du prélat romain[2]. Mais les vices fastueux de l’Église de Rome, au temps de Valentinien et de Damase, sont détaillés d’une manière curieuse par Ammien, dont les observations

  1. Pudet dicere, sacerdotes idolorum, mimi et aurigæ, et scorta, hæreditates capiunt : soles clericis ac monachis hac lege prohibetur. Et non prohibetur à persecutoribus, sed à principibus christianis. Nec de lege queror ; sed doleo cur meruerimus hanc legem. Saint Jérôme (t. I, p. 13) insinue discrètement la politique secrète de son patron Damase.
  2. Trois mots de saint Jérôme, sanctæ memoriæ Damasus (t. II, p. 109), le justifient de toutes les inculpations, et en imposent au pieux Tillemont. (Mém. ecclés., t. VIII, p. 386-424.)