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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/17

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discipline du soldat. Annibal vit avec étonnement la fermeté du sénat, qui, sans lever le siége de Capoue, sans rappeler les troupes dispersées, attendait tranquillement l’approche des Carthaginois. Leur général campa sur les bords de l’Anio, environ à trois milles de Rome ; sa surprise augmenta quand il apprit que le terrain sur lequel était placée sa tente venait d’être vendu dans une enchère, au prix ordinaire, et qu’on avait fait sortir de la ville, par la porte opposée, un corps de troupes qui allait joindre les légions d’Espagne[1]. Annibal conduisit ses Africains aux portes de cette orgueilleuse capitale, et trouva trois armées prêtes à le recevoir. Il craignit l’événement d’une bataille dont il ne pouvait sortir victorieux sans immoler jusqu’au dernier de ses ennemis, et sa retraite précipitée fut un aveu de l’invincible courage des Romains.

Généalogie des sénateurs.

Depuis l’époque de la guerre punique, la succession non interrompue des sénateurs conservait encore l’image et le nom de la république, et les sujets dégénérés d’Honorius prétendaient tirer leur origine des héros qui avaient repoussé Annibal et soumis toutes les nations de la terre. Saint Jérôme, qui dirigeait la conscience de la dévote Paula[2] et qui a

  1. Tite-Live considère ces deux incidens comme les effets du hasard et du courage ; mais je soupçonne qu’ils furent conduits tous deux par l’admirable politique du sénat.
  2. Voyez saint Jérôme, tom. I, p. 169, 170, ad Eustochium. Il donne à Paula le titre de Gracchorum Stirps,