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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/230

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dales faisaient rarement quartier où ils trouvaient de la résistance ; la mort de leurs compatriotes était toujours vengée par la destruction des villes devant lesquelles ils avaient perdu la vie. Leurs avides soldats faisaient subir à leurs captifs, sans distinction de sexe, d’âge ou de rang, toutes sortes de tortures et d’indignités, pour en arracher la découverte de leurs trésors cachés. La cruelle politique de Genseric autorisait à ses yeux de fréquentes exécutions militaires. Emporté par la violence de ses passions, il ne pouvait pas toujours s’opposer à celles des autres, et les calamités de la guerre étaient augmentées par la férocité des Maures et par le fanatisme des donatistes. Cependant j’ai peine à croire que les Vandales aient arraché tous les oliviers et les autres arbres à fruit d’un pays où ils avaient l’intention de se fixer. Je ne puis pas non plus me persuader que le stratagème ordinaire fut de massacrer un grand nombre de prisonniers au pied des murs des villes qu’ils assiégeaient, dans l’intention d’infecter l’air et de produire une maladie pestilentielle dont ils auraient été les premières victimes[1].

  1. On trouve les lamentations originales des malheurs de l’Afrique, 1o. dans une lettre de Capréole, évêque de Carthage, pour servir d’excuse à son absence du concile d’Éphèse (ap. Ruinart, p. 429) ; 2o. dans la Vie de saint Augustin par son collègue Possidius (apud Ruinart, p. 427) ; 3o. dans l’histoire de la persécution des Vandales par Victor Vitensis, l. I, c. 1, 2, 3, édit. Ruinart. Le dernier tableau, fait soixante ans après l’événement, donne plus d’idée du ressentiment de l’auteur que de la vérité des faits.