Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lens chevaux de Cappadoce, avaient occupé les hauteurs de la Cilicie, et interrompu les chants et les danses joyeuses des habitans d’Antioche. Leur approche fit trembler l’Égypte ; les moines et les pèlerins de la Terre-Sainte se hâtèrent de s’embarquer, pour éviter leurs fureurs. Les Orientaux se souvenaient encore avec terreur de cette invasion. Les sujets d’Attila pouvaient exécuter avec des forces supérieures l’entreprise de ces audacieux aventuriers, et l’on fut bientôt dans l’inquiétude de savoir si la tempête fondrait sur les Persans ou sur les Romains. Quelques-uns des grands vassaux du roi des Huns étaient allés, par ses ordres, ratifier un traité d’alliance et une société d’armes avec l’empereur, ou plutôt avec le général de l’Occident ; ils racontèrent, durant leur séjour à Rome, les circonstances d’une de leurs expéditions récentes dans l’Orient. Après avoir passé le désert et un marais, que les Romains supposèrent être le lac Méotis, ils avaient traversé les montagnes, et étaient arrivés au bout de quinze jours sur les confins de la Médie, et s’étaient avancés jusqu’aux villes inconnues de Basic et de Cursic. Ils rencontrèrent l’armée des Persans dans les plaines d’Arménie, et, selon leur propre expression, l’air fut obscurci par un nuage de traits. Les Huns cédèrent à la supériorité du nombre ; leur retraite pénible se fit par différens chemins ; ils perdirent la plus grande partie de leur butin, et se retirèrent enfin dans le camp royal avec quelque connaissance du pays, et un impatient désir de vengeance. Dans la conversation