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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/68

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Second siége de Rome par les Goths. A. D. 409.

Tandis que l’orgueil opiniâtre de l’empereur et de sa cour se soutenait à l’abri des fortifications et des marais impénétrables de Ravenne, ils abandonnaient Rome sans défense au ressentiment d’Alaric. Telle était encore cependant la modération réelle ou affectée du roi des Goths que, tandis qu’il s’avançait avec son armée le long de la voie Flaminienne, il envoya successivement les évêques des différentes villes d’Italie pour réitérer ses offres de paix et conjurer l’empereur de sauver Rome et ses habitans des flammes et du fer des Barbares[1]. La ville évita cette affreuse calamité, non par la sagesse d’Honorius, mais par la prudence ou par l’humanité du roi des Goths, qui se servit, pour s’emparer de Rome, d’un moyen plus doux, mais non moins efficace. Au lieu d’assaillir la capitale, il dirigea ses efforts contre le port d’Ostie, un des plus étonnans ouvrages de la magnificence romaine[2]. Les acci-

    le seul pour lequel les Romains affectassent de conserver du respect. Voyez l’élégante Dissertation de l’abbé Massieu sur les sermens de l’antiquité, Mém. de l’Acad. des Inscript., t. I, p. 208, 209.

  1. Zosime, l. V, p. 368, 369. J’ai adouci les expressions d’Alaric, qui s’étend trop pompeusement sur l’Histoire de Rome.
  2. Voy. Suét., in Claud., c. 20 ; Dion-Cass., l. LX, 949, édit. Reimar ; et la vive description de Juvénal, satir. XII, 75, etc. Dans le seizième siècle, tandis que les restes du port d’Auguste étaient encore visibles, les antiquaires en esquissèrent le plan (voyez d’Anville, Mém. de l’Acad. des Inscript., t. XXX, p. 198) ; et ils déclarèrent avec enthou-