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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/100

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sance de Ceaulin, petit-fils de Cerdic, qui porta ses armes victorieuses jusque sur les bords de la Saverne.

Leur fuite.

Après une guerre de cent ans, les Bretons indépendans possédaient encore toute l’étendue de la côte occidentale, depuis le mur d’Antonin jusqu’à l’extrémité du promontoire de Cornouailles ; et les principales villes du pays intérieur résistaient encore aux Barbares ; mais la résistance devint plus languissante en proportion du nombre des assaillans qui augmentaient sans cesse. Gagnant insensiblement du terrain par de lents et pénibles efforts, les Saxons, les Angles et leurs divers confédérés s’avancèrent du nord, de l’orient et du midi, jusqu’au moment où ils réunirent leurs armées victorieuses dans le centre de l’île. Au-delà de la Saverne, les Bretons maintenaient toujours leur liberté nationale qui survécut à l’heptarchie et même à la monarchie des Saxons. Leurs plus braves guerriers, préférant l’exil à l’esclavage, trouvèrent un asile dans les montagnes de Galles : le pays de Cornouailles ne se soumit qu’après plusieurs siècles de résistance[1], et une troupe de fugitifs obtint un établissement dans la Gaule, ou

  1. Le pays de Cornouailles fut totalement soumis (A. D. 927-941) par Athelstan, qui établit une colonie anglaise à Exeter, et repoussa les Bretons au-delà de la rivière de Tamar. (Voy. William de Malmesbury, l. II. Dans les Scriptores post Bedam, p. 50). La servitude dégrada l’esprit des chevaliers de Cornouailles ; et il paraîtrait, par le roman de Tristan, que leur lâcheté était passée en proverbe.