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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/113

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tentrionale de la Bretagne et de la Gaule, dernier refuge de la liberté celtique, était moins propre à l’agriculture qu’aux pâturages : les richesses des Bretons consistaient en troupeaux. Ils faisaient du lait et de la chair des animaux leur nourriture ordinaire, et recherchaient ou rejetaient le pain comme un luxe étranger. L’amour de la liberté peupla les montagnes du pays de Galles et les marais de l’Armorique ; mais la malignité attribua leur population rapide à l’usage de la polygamie, et supposa que chaque Barbare avait dans sa maison dix femmes et peut-être une cinquantaine d’enfans[1]. Naturellement impétueux et irascibles, ils montraient leur hardiesse dans leurs discours comme dans leurs actions[2]. Étrangers aux arts de la paix, ils faisaient leur plaisir de la guerre étrangère ou domestique. On redoutait également la cavalerie de l’Armorique, les lanciers de Gwent et les archers de Mérioneth ; mais leur pauvreté leur permettait rarement de se procurer des casques ou des boucliers ; d’ailleurs, ces

  1. Regio longé latèque diffusa, milite, magis quam credibile sit, referta. Partibus equidem in illis miles unus quinquaginta generat, sortitus more barbaro denas aut amplius uxores. Ce reproche de Guillaume de Poitiers, dans les historiens de France, t. II, p. 88, est repoussé par les éditeurs bénédictins.
  2. Giraldus Cambrensis n’accorde ce don d’une éloquence prompte et hardie qu’aux Romains, aux Français et aux Bretons. Le malveillant Gallois insinue que la taciturnité des Anglais pourrait bien être l’effet de leur esclavage sous le gouvernement des Normands.