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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/13

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de lui une paix onéreuse. Les Vandales de l’Afrique cultivaient son utile amitié, et son alliance protégeait les Ostrogoths de la Pannonie contre l’ambition des Huns leurs voisins. D’un signe, dit pompeusement le poète qui l’a chanté, Euric agitait ou apaisait le Nord ; le puissant monarque de la Perse consultait l’oracle de l’Occident, et l’antique divinité du Tibre était protégée par le naissant génie de la Garonne[1]. Le hasard a souvent décidé du sort des nations ; et la France peut attribuer sa gloire à la mort prématurée du roi des Goths, qui laissait pour successeur son fils Alaric alors dans l’enfance, et pour adversaire Clovis[2], jeune prince rempli de valeur et d’ambition.

Clovis, roi des Francs. A. D. 481-511.

Childéric, père de Clovis, durant le temps qu’il avait passé en exil dans la Germanie, avait été traité de la manière la plus hospitalière non-seulement par le roi, mais aussi par la reine des Thuringiens. Lorsqu’il fut rétabli sur son trône, Basine quitta le lit de son époux pour voler dans les bras de son amant, déclarant que si elle eût rencontré un homme plus sage, plus fort ou plus beau que Childéric, elle

  1. Sidon., l. VIII, epist. 3, 9, t. I, p. 800. Jornandès (De reb. get., c. 47, p. 680) confirme en quelque façon ce portrait du héros de la nation des Goths.
  2. Je fais usage du nom de Clovis adopté généralement, et tiré du latin Chlodovecus ou Chlodovœus ; mais le ch n’exprime que l’aspiration des Germains, et le véritable nom diffère peu de celui de Luduin ou Louis. (Mém. de l’Acad. des inscript., t. XX, p. 68.)