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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/135

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pagation et le service des animaux domestiques, la chasse, la pêche, les premiers principes de la navigation, la culture imparfaite du blé ou de quelque autre graine nourrissante, et la pratique simple des arts mécaniques et grossiers. L’industrie publique et le génie des particuliers pourront disparaître ; mais ces plantes solides et robustes survivront à la tempête, et pousseront des racines profondes dans le sol le plus ingrat. Un nuage épais d’ignorance éclipsa les jours brillans d’Auguste et de Trajan ; les Barbares anéantirent les lois et les palais de Rome ; mais la faux, invention ou emblème de Saturne[1], continua à abattre les moissons de l’Italie, et ces repas où les Lestrigons se nourrissaient de chair humaine[2] ne se sont jamais renouvelés sur les côtes de la Campanie.

Depuis la première découverte des arts, la guerre, le commerce et le zèle religieux ont répandu ces dons inestimables parmi les sauvages habitans de l’Ancien et du Nouveau-Monde ; ils se sont propagés,

    habitans d’Otahiti, qui manquent de métaux, n’ont inventé aucun ustensile de terre capable de supporter l’action du feu, et de communiquer la chaleur au liquide qu’il contient.

  1. Plutarq., Quæst. rom., t. II, p. 275 ; Macrob., Satur., l. I, c. 8, p. 152, édit. de Londres. L’arrivée de Saturne dans un vaisseau peut indiquer que la côte sauvage du Latium fut originairement découverte et civilisée par les Phéniciens.
  2. Dans les neuvième et dixième livres de l’Odyssée, Homère a embelli les contes de quelques matelots timides et crédules qui transformèrent en géans monstrueux les cannibales de la Sicile et de l’Italie.