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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/188

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des violences ; on les payait pour changer leur marche, et le danger qu’aurait entraîné la punition, forçait quelquefois la prudence à dissimuler les impétueux écarts de leur indocilité naturelle. Lorsque Théodoric renonça aux deux tiers du tribut des habitans de la Ligurie, il voulut bien exposer à ses sujets l’embarras de sa situation, et s’affliger avec eux des charges pesantes que le forçait à leur imposer le soin de leur propre défense[1]. Jamais ces sujets ingrats ne lui pardonnèrent son origine, sa religion, ni même ses vertus ; ils oublièrent les malheurs passés ; et le bonheur dont ils jouissaient alors ne les rendit que plus sensibles aux injustices et plus disposés au soupçon.

On provoque sa colère et il persécute les catholiques.

La tolérance religieuse que Théodoric eut la gloire d’établir dans le monde chrétien, affligea et blessa elle-même le zèle orthodoxe des Italiens. Ils respectaient l’hérésie armée des Goths ; mais ils exercèrent leur sainte colère sur les Juifs faibles et opulens, qui, à Rome, à Ravenne, à Milan et à Gênes, avaient formé, sous la sanction des lois, des établissemens avantageux pour le commerce[2]. À Ravenne et à Rome, la populace furieuse, excitée, à ce qu’il paraît, par les motifs les plus frivoles ou les plus extra-

  1. Immanium expansarum pondus… pro ipsorum salute, etc. ; mais ce ne sont là que des mots.
  2. Les Juifs étaient établis à Naples (Procop., Goth., l. I, c. 8) ; à Gênes (Variar., II, 28 ; IV, 33) ; à Milan (V, 37) ; à Rome (IV, 43). Voy. aussi Basnage, Hist. des Juifs, t. VIII, c. 7. p. 254.