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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/194

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un mérite si éclatant ; Boëce obtint les titres de consul et de patrice, et fit usage de ses lumières dans l’emploi important de maître des offices. Quoique l’Orient et l’Occident eussent une égale part aux choix des consuls, ses deux fils furent créés, malgré leur jeunesse, consuls de la même année[1]. Le jour mémorable de leur inauguration ils se rendirent en pompe de leur palais au Forum, au milieu des applaudissemens du sénat et du peuple ; et plein de joie, leur père, alors le véritable consul de Rome, après avoir prononcé un discours à la gloire de son royal bienfaiteur, montra sa magnificence dans les jeux du cirque. Comblé de jouissances, environné d’honneurs, satisfait de ses alliances particulières, adonné à l’étude de la science, élevé par la conscience de ses vertus, Boëce aurait pu se dire heureux, si ce titre précaire pouvait être appliqué à l’homme avant qu’il ait atteint le terme de sa vie.

Son patriotisme.

Un philosophe prodigue de ses richesses et économe de son temps devait être peu sensible aux attraits de la fortune et de l’ambition ; et il est permis de le croire, lorsqu’il nous assure qu’il obéit malgré lui au divin Platon, qui ordonne à chaque citoyen

  1. Pagi, Muratori, etc., s’accordent à dire que Boëce fut consul l’an 510, et ses deux fils en 522. Ils parlent d’un Boëce consul en 487 ; ce fut peut-être son père. On a voulu attribuer ce dernier consulat au philosophe, et il en est résulté de l’embarras pour la chronologie de sa vie. Il vante son bonheur (p. 109, 110), (son bonheur passé) dans ses dignités, dans ses alliances, dans ses enfans.