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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/207

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l’avoir fait élever à Constantinople comme l’héritier de sa fortune particulière, et ensuite comme l’héritier de l’empire.

Adoption de Justinien, qui monte sur le trône après Justin.

Après avoir trompé Amantius, il fallait bien lui ôter la vie. On y réussit sans peine en l’accusant d’une conspiration réelle ou fausse ; et pour aggraver ses crimes, on eut soin d’informer les juges qu’il était secrètement attaché à l’hérésie de Manès[1], Amantius perdit la tête ; trois de ses compagnons, les premiers domestiques du palais, furent punis de mort ou exilés, et l’infortuné à qui l’eunuque avait voulu donner la couronne, fut mis dans un cachot, assommé à coups de pierre, et jeté ignominieusement dans la mer sans sépulture. La perte de Vitalien présenta plus de difficultés et de périls. Ce chef goth avait obtenu la faveur populaire par la guerre civile qu’il ne craignit pas de soutenir contre Anastase pour la défense des orthodoxes ; et ayant obtenu un traité avantageux, il continuait à se tenir dans le voisinage de Constantinople, à la tête d’une armée victorieuse de Barbares. Séduit par de frivoles sermens, il se laissa persuader de quitter cette situation avantageuse, et de se hasarder dans les murs de la capitale.

  1. Manichéen signifie Eutychéen ; on le voit par les acclamations forcenées des habitans de Constantinople et de Tyr, les premiers six jours seulement après la mort d’Anastase. Ceux-ci furent cause de la mort d’Amantius ; les autres y applaudirent. (Baronius, A. D. 518, part. II, no 15. Fleury parle d’après les conciles, Hist. ecclés., t. VII, p. 200-205 ; t. V, p. 182-207.)