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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/252

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grand fleuve au tropique du Cancer, les empereurs du Nord avaient subjugué et civilisé les provinces de la Chine. Au commencement de l’ère chrétienne, on y voyait une grande population, une foule de villes, et une multitude innombrable de mûriers et de vers à soie ; et si les Chinois, avec leur connaissance de la boussole, avaient possédé le génie des Grecs et des Phéniciens, ils auraient étendu leurs découvertes sur tout l’hémisphère méridional. Il ne m’appartient pas d’examiner leurs voyages éloignés au golfe de Perse ou au cap de Bonne-Espérance, et je ne suis point disposé à les croire ; mais les travaux et les succès de leurs ancêtres égalèrent peut-être ceux de la génération actuelle, et leur navigation a pu s’étendre des îles du Japon au détroit de Malacca, que l’on peut appeler les colonnes de l’Hercule oriental[1]. Ils pouvaient, sans perdre de vue la terre, cingler le long de la côte jusqu’à l’extrémité du promontoire d’Achin, où abordent chaque année dix ou douze vaisseaux chargés des productions, des ouvrages et même des ouvriers de la Chine. L’île de Sumatra et la péninsule opposée sont légèrement indiquées par d’anciens auteurs comme les régions de l’or et de l’argent[2] ; et les villes

  1. Voyez, touchant la navigation des Chinois à Malacca et à Achin, et peut-être à Ceylan, Renaudot, sur les deux voyageurs musulmans, p. 8-11, 13-17, 141-157 ; Dampier, vol. II, p. 136 ; l’Hist. philos. des Deux-Indes, t. I, p. 98 ; et l’Hist. génér. des Voyages, t. VI, p. 201.
  2. D’Anville (Antiquité géograph. de l’Inde, surtout