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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/254

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distance de leur patrie respective, un commerce avantageux avec les habitans du golfe Persique. Les peuples du grand roi exaltaient sans contradiction son pouvoir et sa magnificence ; et le Romain qui confondit leur vanité en mettant à côté de leur misérable monnaie une belle médaille d’or de l’empereur Anastase, s’était rendu à Ceylan, en qualité de simple passager, sur un navire éthiopien[1].

Les vers à soie s’introduisent dans la Grèce.

La soie étant devenue un objet de première nécessité, Justinien s’indigna de voir les Perses maîtres sur terre et sur mer du monopole de cet article important, et une nation idolâtre et ennemie s’enrichir aux dépens de son peuple. Sous un gouvernement actif, le commerce de l’Égypte et la navigation de la mer Rouge, tombés avec la prospérité de l’empire, se seraient rétablis, et les navires romains seraient allés acheter de la soie dans les ports de Ceylan, de Malacca, et même de la Chine. L’empereur n’eut pas de si grandes idées ; il demanda les secours de ses alliés chrétiens, les Éthiopiens de l’Abyssinie, qui avaient acquis depuis peu l’art de la navigation, l’esprit du commerce, et le port d’Adulis[2], où l’on apercevait

  1. La Taprobane de Pline (VI, 24), de Solin (c. 53) et de Saumaise (Plinanæ exercitationes, p. 781, 782), et de la plupart des anciens, qui confondent souvent les îles de Ceylan et de Sumatra, est décrite avec plus de clarté par Cosmas Indicopleustes ; mais ce topographe chrétien a lui-même exagéré ses dimensions. Les détails qu’il donne sur le commerce de l’Inde et de la Chine sont curieux, l. II, p. 138 ; l. XI, p. 337, 338, édit. de Montfaucon.
  2. Voyez Procope, Persic., l. II, c. 20. Cosmas donne