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doxe et libéral ; et quoique Clovis ait dit lui-même que saint Martin était un allié un peu cher[1], cette observation ne venait d’aucun doute durable ou raisonné. La terre se félicita comme le ciel, de la conversion des Francs. En sortant des fonts baptismaux, Clovis se trouva le seul des rois chrétiens qui méritât le nom et les prérogatives de catholique. L’empereur Anastase avait adopté quelques dangereuses erreurs relatives à la nature de la divine incarnation, et les Barbares de l’Italie, de l’Espagne, de l’Afrique et de la Gaule étaient imbus de l’hérésie d’Arius. Le fils aîné, ou plutôt le fils unique de l’Église, fut reconnu par le clergé comme son souverain légitime et son glorieux libérateur ; et l’ambition de Clovis trouva de grands secours dans le zèle et l’attachement du parti catholique[2].

Soumission des provinces armoriques et des troupes romaines. A. D. 497, etc.

Sous l’empire des Romains, l’opulence et la juridiction des évêques, leur caractère sacré, leur office

  1. Après la victoire remportée sur les Goths, Clovis fit de riches offrandes à saint Martin de Tours. Il voulut racheter son cheval de bataille par le don de cent pièces d’or ; mais un enchantement retint le coursier dans l’écurie, et il ne put en sortir que lorsque le roi eut doublé le prix de sa rançon. C’est à l’occasion de ce miracle que le roi s’écria : Vere B. Martinus est bonus in auxilio, sed carus in negotio. (Gesta Francorum, t. II, p. 554-555.)
  2. Voyez l’Épître du pape Anastase au monarque converti, t. IV, p. 50, 51. Avitus, évêque de Vienne, félicite Clovis à la même occasion (p. 49) ; et la plupart des évêques latins s’empressèrent de lui témoigner leur joie et leur attachement.