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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/267

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soixante-quatre pièces d’or. Un trait de l’histoire grecque indiqua à l’empereur les honorables obligations qu’il avait à remplir. Il réprima les murmures de ses insensibles trésoriers, applaudit à la confiance de son ami, paya les legs et les dettes, fit élever les trois filles sous les yeux de Théodora, et doubla la dot qu’avait demandée la tendresse de leur père[1]. L’humanité du prince (car les princes ne peuvent être généreux) mérite quelques éloges ; toutefois, dans cet acte de vertu, on découvre cette funeste habitude de supplanter les héritiers nommés par la nature ou par la loi, que Procope impute au règne de Justinien. Il cite, à l’appui de son accusation, des noms illustres et des exemples scandaleux : on n’épargna ni les veuves ni les orphelins, et les agens du palais pratiquaient d’une manière bien avantageuse pour eux, l’art de solliciter, d’extorquer ou de supposer des testamens. Cette basse et dangereuse tyrannie viole la sûreté domestique : en pareille occasion, un monarque avide sera disposé à hâter le moment de la succession, à regarder la fortune comme la preuve d’un crime, et à passer du droit de succéder au pouvoir de confisquer. 7o. Parmi les différens moyens de rapines, il est permis à un philosophe d’indiquer la donation qu’on faisait aux orthodoxes des richesses des païens et des hérétiques ;

  1. Lucien (in Toxare, c. 22, 23, t. II, p. 530) raconte un trait d’amitié pareil et même plus généreux, d’Eudamidas de Corinthe. Fontenelle a fait sur ce sujet une comédie faible, mais ingénieuse.