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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/271

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de l’évêque de Cyzique, son ancien ennemi ; et Jean de Cappadoce, qui avait mérité mille morts, fut condamné en cette occasion pour un crime dont il n’était pas coupable. Un ministre qu’on avait vu autrefois revêtu des dignités de consul et de patricien, fut ignominieusement battu de verges comme le dernier des malfaiteurs ; il ne lui resta de toute sa fortune qu’un manteau déchiré ; on le conduisit dans une barque à Antinopolis, lieu de son bannissement, dans la Haute-Égypte ; et le préfet de l’Orient mendia son pain au milieu des villes que son nom seul avait jadis fait trembler. L’ingénieuse cruauté de Théodora prolongea et menaça sa vie durant un exil de sept années ; et lorsque la mort de cette implacable ennemie permit à l’empereur de rappeler un serviteur qu’il avait abandonné malgré lui, l’ambition de Jean de Cappadoce fut forcée de se borner aux humbles fonctions de la prêtrise. Ses successeurs apprirent aux sujets de Justinien que l’art d’opprimer les peuples peut toujours trouver dans l’industrie et l’expérience des moyens de se perfectionner. Les supercheries d’un banquier syrien s’introduisirent dans l’administration des finances ; et le questeur, le trésorier public et le trésorier privé, les gouverneurs des provinces et les principaux magistrats de l’empire d’Orient eurent soin d’imiter le préfet[1].

  1. La Chronologie de Procope est inexacte et obscure ; mais je découvre, à l’aide de Pagi, que Jean de Cappadoce fut nommé préfet du prétoire de l’Orient en 530, qu’il fut déposé au mois de janvier 532, qu’il rentra dans le minis-