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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/273

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protéger Anastase, son bienfaiteur, contre l’entreprise audacieuse de Vitalien[1]. Il plaça sur les murs de la ville une machine composée d’un miroir hexagone d’airain poli, avec d’autres polygones mobiles et plus petits, qui recevaient et réfléchissaient les rayons du soleil à son passage au méridien ; et une flamme dévorante s’élançait à une distance peut-être de deux cents pieds[2]. Le silence des historiens les plus authentiques laisse des doutes sur la vérité de ces deux faits extraordinaires, et l’usage des miroirs ardens n’a jamais été adopté dans l’attaque ou la défense des places[3] ; mais les expériences admirables d’un philosophe français en ont fait voir la possibilité[4] ; et, dès qu’ils sont possibles, j’aime

  1. Zonare (l. XIV, p. 55) assure le fait sans alléguer aucun témoignage.
  2. Tzetzès décrit le mécanisme de ces miroirs ardens ; ses connaissances venaient peut-être d’un Traité mathématique d’Anthemius, qu’il avait lu avec des gens peu savans. Ce Traité, περι παραδοξων μηχαμηματων, a été dernièrement publié, traduit et éclairci par M. Dupuys, académicien érudit et versé dans les sciences mathématiques. Mém. de l’acad. des inscript., t. XLII, p. 392-451.
  3. On juge qu’on ne les employa pas au siége de Syracuse, d’après le silence de Polybe, de Plutarque et de Tite-Live ; au siége de Constantinople, d’après le silence de Marcellin et de tous les contemporains du sixième siècle.
  4. L’immortel Buffon, sans connaître les écrits de Tzetzès ou d’Anthemius, a imaginé et exécuté un châssis de miroirs ardens, avec lesquels il enflammait des planches à deux cents pieds. (Supplém. à l’Hist. nat., t. I, p. 399-483, édit. in-4o.) Quels miracles eût opérés son génie en faveur du service