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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/282

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natisme des Turcs. On distribua les métaux précieux en feuilles légères ou en masses solides, selon la sainteté de chaque objet. La balustrade du chœur, les chapiteaux des colonnes, les ornemens des portes et des galeries étaient de bronze doré. L’éclat resplendissant de la coupole éblouissait les yeux, le sanctuaire contenait quarante mille livres pesant d’argent, [Richesses.]et les vases sacrés et les décorations de l’autel étaient de l’or le plus pur, enrichi de pierreries d’une valeur inestimable. L’église ne s’élevait pas encore de deux coudées au-dessus de terre, qu’on y avait déjà dépensé quarante-cinq mille deux cents livres pesants ; et la dépense totale se monta à trois cent vingt mille livres. Le lecteur peut, selon son opinion, appliquer ce calcul à des livres d’or ou des livres d’argent ; mais l’évaluation la plus modérée lui donnera toujours un million sterling. Un temple magnifique est un noble monument du goût et de la religion nationale ; et l’enthousiaste qui arrivait sous le dôme de Sainte-Sophie, pouvait être tenté d’y voir la résidence ou l’ouvrage de la Divinité ; mais combien cet ouvrage est grossier, que le travail en est de peu de valeur si on le compare à la formation du plus vil des insectes qui se trament sur la surface du temple !

Églises et palais.

Cette description si détaillée d’un édifice que le temps a respecté atteste sa réalité, et peut faire pardonner la relation de cette foule de travaux que Justinien a fait exécuter soit dans la capitale, soit dans les provinces, mais avec moins de solidité et sur de