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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/285

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velle ; et le vestibule ou la grande salle appelée Chalce ou d’airain, à cause de ses portes ou à cause de son toit, peut donner une idée de l’édifice entier. De grosses colonnes soutenaient le dôme d’un rectangle spacieux, dont le pavé et les murs étaient revêtus de marbre de diverses couleurs : on y voyait le vert émeraude de la Laconie, le rouge de feu et la pierre blanche de Phrygie coupés de veines d’un vert de mer : les mosaïques du dôme et des parois représentaient des triomphes sur les Africains et les peuples d’Italie. Durant l’été, Justinien, et surtout Théodora, habitaient, sur la côte asiatique de la Propontide, et à peu de distance de Chalcédoine, le riche palais et les jardins d’Hérée[1]. Les poètes du temps ont célébré, dans la description de ce palais, l’heureuse et rare alliance des beautés de la nature et de l’art, et le doux accord des nymphes des bocages ; mais la foule de ceux qui suivaient la cour se plaignaient de l’incommodité de leur logement[2] ; et les nymphes étaient trop souvent effrayées par le fameux Porphyrio, baleine de dix coudées de large et de trente de longueur, qui fut prise à l’embouchure du San-

  1. Voyez, sur l’Hérée, palais de Théodora, Gyllius (de Bosphoro Thracio, l. III, c. 11) ; Aleman. (not. ad Anecdot., p. 80, 81), qui cite plusieurs épigrammes de l’Anthologie ; et Ducange, C. P. Christ., l. IV, c. 13, p. 175, 176.
  2. Comparez, dans les Édifices (l. I, c. 11) et dans les Anecdotes (c. 8, 15), les différens styles de l’adulation et de la malveillance. Lorsqu’on a ôté l’enluminure ou la boue, l’objet parait le même.