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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/292

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rent le désespoir des habitans ; quelquefois on calmait avec des présens leur valeur féroce ; d’autres fois on la réprimait par la crainte ; et trois légions sous les ordres d’un comte militaire se trouvaient ignominieusement cantonnées au centre des provinces de l’empire[1] ; mais dès que la vigilance des empereurs se relâchait ou se tournait sur d’autres points, des escadrons armés à la légère descendaient des montagnes, et venaient s’emparer des richesses de l’Asie Mineure. Quoique les Isauriens ne fussent remarquables ni par leur taille ni par leur bravoure, le besoin leur donnait de l’audace, et l’expérience les formait à une guerre de pillage. Ils fondaient rapidement et sans bruit sur les villages et les villes sans défense ; quelques-unes de leurs hordes arrivaient jusqu’à l’Hellespont, à l’Euxin, aux portes de Tarse, d’Antioche, de Damas[2] ; et avant que les troupes romaines eussent reçu l’ordre de les repousser, ou avant que la province envahie eût fait le calcul de ses pertes, le butin se trouvait en sûreté dans leurs montagnes inaccessibles. Leur rébellion et leur brigandage les privaient des droits que s’accor-

  1. Trebellius Pollion (in Hist. Aug., p. 107) qui vivait sous Dioclétien ou sous Constantin. Voyez aussi Pancirole (ad Notit. imper. orient., c. 115, 141), et le code Théodosien (l. IX, tit. 35, leg. 37), avec une note très étendue où Godefroy a rassemblé différentes autorités (t. III, p. 256, 257).
  2. Voy. jusqu’où s’étendirent leurs incursions dans Philostorgius (Hist. eccl., l. XI, c. 8), avec les savantes Dissertations de Godefroy.