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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/313

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pauvreté[1]. Il faut remarquer que la faveur impartiale des Antonins se répandit également sur quatre sectes rivales, qu’ils regardaient comme aussi utiles, ou du moins comme aussi innocentes les unes que les autres. Socrate, la gloire d’Athènes, avait été pour elle, par sa mort, un sujet de blâme ; et les premières leçons d’Épicure scandalisèrent tellement les pieuses oreilles des Athéniens, que par son exil et celui de ses adversaires, ils mirent fin aux vaines disputes sur la nature des dieux ; mais ils révoquèrent leur décret l’année suivante ; ils rétablirent la liberté des écoles, et l’expérience leur apprit par la suite que la diversité des systèmes théologiques n’affecte point le caractère moral des philosophes[2].

Elles sont supprimées par Justinien.

Les armes des Goths furent moins funestes aux écoles d’Athènes que l’établissement d’une nouvelle religion dont les ministres tranchaient toutes les questions par un article de foi, et condamnaient l’infidèle ou le sceptique à des flammes éternelles. De

  1. Brucker, Hist. crit. de la philos., t. II, p. 310, etc.
  2. La naissance d’Épicure est fixée à l’année 342 avant J. C. (Bayle), olympiade cent neuvième 3. Il ouvrit ses écoles à Athènes la troisième année de la cent dix-huitième olympiade, trois cent six ans avant l’ère du christianisme. La loi d’intolérance que j’ai citée dans le texte (Athénée, l. XIII, p. 610 ; Diogène Laërce, l. v, segm. 38, p. 290 ; Julius-Pollux, IX, 5), fut publiée la même année ou l’année suivante (Sigonius, Opp., t. V, p. 62, Ménage, ad Diog. Laër., p. 204 ; Corsini, Fasti attici, t. IV, p. 67, 68). Théophraste, chef des péripatéticiens et disciple d’Aristote, fut enveloppé dans ce même exil.