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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/341

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force à ces exhortations. Les habitans, au lieu d’abandonner leurs maisons et de cacher leur blé, fournirent en abondance aux Romains, et à un prix modéré, les provisions qui leur étaient nécessaires ; les officiers civils de la province, laissés dans leurs fonctions, les exercèrent au nom de l’empereur d’Orient ; et le clergé, comme le lui ordonnaient sa conscience et son intérêt, favorisa de tout son pouvoir la cause d’un prince catholique. La petite ville de Sullecte[1], qui se trouvait à une journée du camp, eut l’honneur d’être la première à ouvrir ses portes et à repasser sous la domination de ses anciens souverains. Leptis et Adrumète, villes plus considérables, s’empressèrent, à l’approche de Bélisaire, d’imiter cet exemple de fidélité ; et le général romain s’avança sans trouver de résistance jusqu’à Grasse, palais des rois vandales situé à cinquante milles de Carthage. Les Romains fatigués jouirent du repos que leur présentaient, de frais bocages, des eaux limpides et des fruits délicieux ; et lorsque Procope préféra ces jardins à tous ceux qu’il avait vus dans l’Orient et l’Occident, cette préférence ne doit peut-être s’attribuer qu’au goût particulier de l’historien ou à la fatigue qu’il éprouvait alors. En trois générations, la prospérité et la

  1. Sullecte est peut-être la Turris Annibalis, vieil édifice qui est encore aujourd’hui aussi grand que la tour de Londres. La marche de Bélisaire vers Leptis, Adrumetum, etc., tire beaucoup de jour de la campagne de César (Hirtius, De bell. Afric., avec l’analyse de Guichardt), ainsi que des Voyages de Shaw (p. 105-113) dans cette même contrée.